Le Cesgade Qui sommes-nous ? Il y a quelques semaines de cela, je me trouvais assise avec des frères et sœurs spirites autour d’une table. Notre réflexion nous portait sur la difficulté que représente un travail commun. Nous avions tous connus des déboires ; déboires vécus dans le milieu familiale, professionnel, associatif. Malgré tout, nous étions là réunis pour une œuvre commune. Nous étions là en « hommes et femmes avertis », privilège de l’expérience ; et comme dit le dicton « un homme averti en vaut deux ». Rien ne nous obligeait à être autour de cette table. Rien ! Seule notre volonté nous y avait conduit ; une volonté ferme, lucide et aguerrie, une volonté non pas de s’imposer mais de servir. Nous nous retrouvions dans la position voulue de « serviteurs ». Servir, serviteur, des mots qui pour beaucoup signifient humiliation, asservissement. Pour nous, ils sont synonymes d’humilité indispensable pour vivre dans la fraternité. Une joie profonde m’avait envahie. Je regardais chacun d’entre nous et mesurais soudainement le chemin que nous avions parcouru. Les années avaient passé ; le temps fait son ouvrage en nous donnant l’amplitude nécessaire pour découvrir le Spiritisme, le comprendre pour enfin le vivre. Ce jour était le résultat du travail que chacun avait accompli sur lui-même ainsi qu’au sein d’un groupe spirite. La satisfaction ressentie, partagée, était à la mesure des efforts que nous avions fournis. Il faut bien le dire, avoir un but commun ne suffit pas pour la concrétisation d’un travail collectif. Combien la relation est compliquée du fait de l’individualité de chacun. Deux personnes se trouvent l’une en face de l’autre, et nous avons deux intelligences, deux cœurs qui fonctionnent et réagissent selon un langage, des codes, des réflexes et une histoire propres à chacun. Un même mot peut avoir deux sens ou plus ; alors comment vont-ils se comprendre ? Si ce n’est en faisant l’effort de sortir de soi pour aller à la découverte de l’autre. Cet effort est celui de s’adapter à l’autre. Dans ces instants, nous ne sommes plus dans la démarche de s’imposer mais de servir ; servir la relation pour qu’elle puisse se tisser, servir la société, en définitif, puisque sans relation il n’y a pas de société. Par contre, si nous ne réalisons pas cet effort de compréhension, des rapports de force peuvent s’instaurer et de là vont découler des conflits. Il est vrai que parfois, la relation s’établit facilement, simplement ; le langage est identique, il y a affinité et compréhension spontanée entre les personnes. Nous sommes là dans le cadre d’une sympathie naturelle. On peut dire que dans ces cas nous avons des individus qui appartiennent à la même famille spirituelle. Eh oui, tout comme il existe les familles terrestres, il y a les familles spirituelles ! Ce sont des Esprits qui se regroupent du fait de leur affinité, de pensées, de volontés, de buts communs. Ils se soutiennent les uns, les autres, se protègent. Et lorsque l’un d’eux s’incarne, les autres l’accompagnent de leur pensée et leur affection. D’où les « esprits familiers » qui nous entourent, que nous prenons parfois pour des guides. Ils veillent sur nous ! Parfois, aussi il peut y avoir des antipathies immédiates qui rendent la relation très difficile, voire même impossible. On peut dire alors que les individus n’appartiennent pas à la même famille spirituelle, peut être même y a-t-il eu hostilité, malveillance entre eux dans une vie antérieure. Il n’y a pas de compréhension et ils ont alors bien du mal à faire les efforts nécessaires pour arriver à un début de compréhension. Faut-il ne rechercher la compagnie que de ceux qui ont la même appartenance spirituelle que nous, et que chacun reste au sein de sa « famille » pour éviter tout conflit ? Certainement pas ! Nous avons à apprendre de toutes les relations, y compris de celles qui paraissent vouées à l’échec. La relation est la voie de l’évolution. A travers l’autre, nous sommes confrontés à nous-mêmes, à notre part d’ombre et de lumière, à nos manques. A travers l’autre, nous devenons conscients de notre réalité. La multitude et la diversité d’expériences que nous rencontrons sur terre sont destinées à ouvrir et grandir notre conscience. Une vie ni suffit pas, notre ignorance est trop grande, à commencer par l’ignorance de ce que nous sommes et le sens de notre existence. Dieu dans sa miséricorde nous donne le temps nécessaire, par le biais de la réincarnation, pour grandir. Il nous laisse accomplir notre propre apprentissage, avancer à notre mesure, afin qu’un jour nous fassions « nôtre » la fraternité puisque issus d’un même principe créateur, Dieu, nous sommes frères et sœurs ! Le Spiritisme nous enseigne la loi du progrès, la loi d’évolution qui régit l’univers. Il explique, étoffe le concept de réincarnation basé sur le libre arbitre. Tout dépend de notre volonté ! Celui qui a bien intégré la notion de réincarnation n’a plus le même regard sur la vie, il développe sa volonté et met tout en œuvre pour raccorder son existence à la loi christique d’Amour. Il apprend la patience, la tolérance, le respect, le courage, le pardon et l’humilité qui sont les ferments d’un être et d’une vie meilleure ; qui sont les ferments aussi d’un travail commun. Le notre est de servir le Spiritisme. Peut-on trouver plus belle manière de le servir, si ce n’est en étant une représentation vivante de son enseignement ? Je peux le dire maintenant, ce qui m’avait le plus comblée, ce jour là, était d’observer en chacun de nous les germes des semences du Spiritisme. Oui, j’ai eu la certitude que nous pouvions travailler ensemble ; qu’un long et dur labeur nous attendait. Mais qu’importe puisque c’est une aventure humaine extraordinairement enrichissante qui se propose à nous dans ce travail spirite commun ! |